Le
constat
La
crise du Covid, après la crise financière de 2008, renforce la
prise de conscience des limites de notre système
socio-économique.
Parmi les problèmes les plus graves non
résolus : l'extension de la précarité, la très grande difficulté
des états à redistribuer les richesses et à accélérer la
nécessaire transition écologique.
Le système économique
actuel valorise de façon imparfaite les apports des citoyens et
n'encourage pas de façon spécifique les comportements vertueux.
De nombreux secteurs sont laissés pour compte car considérés
comme « non rentables ».
Parmi les pistes de
solutions, une évolution radicale du système fiscal est souvent
évoquée mais tarde à se concrétiser. Les problèmes sont
planétaires et la fiscalité relève des états, déjà en
difficulté pour équilibrer leurs budgets. Les projets de
Green New deal sont ambitieux mais, basés sur une politique de
réorientation de l'offre, ils risquent de ne pas rencontrer les
vrais besoins qui sont aussi culturels et sociaux.
Finalement
c'est le système de valeur monétaire lui-même qui est mis en
question et devient extrêmement délicat à gérer, à
sauver...
L'innovation
en marche
A
petite échelle de multiples expériences de monnaies
complémentaires visant à valoriser les produits et services
locaux, une consommation plus responsable, se sont mis en place.
Depuis des décennies ces expériences ont montré qu'une autre
économie est possible, porteuse d'autres valeurs pour des
consommateurs plus responsables... Mais ces expériences concernent
généralement un public averti et leur impact reste encore assez
marginal.
Du côté technologique, les monnaies
électroniques alternatives et les plate-formes de crowdfunding ont
connu ces dernières années un succès foudroyant!
Pour les
actifs, le concept de LETS, sur le modèle initié par Michael
Linton à proximité de Vancouver au Canada en 1983, a aujourd'hui
essaimé en plus de 300 autres lieux et pour environ 30 000
participants. Après le succès du WIR en Suisse, monnaie
complémentaire qui fonctionne depuis 1934, la preuve est faite
qu'il est aussi possible d'essaimer une expérience novatrice en
B2B.
En B2C il est possible aussi d'élargir l'échelle des
expérience menées, comme l'a montré l'expérience du Coopek qui a
rassemblé autour d'un système de monnaie électronique commune un
ensemble de monnaies locales papier.
La June est une autre monnaie de création
récente, libre et 100 % électronique, qui se base sur le principe
du dividende universel. Des expériences de revenu inconditionnel
de base sont tentées en Finlande, en France, en Ecosse, ... et en
Allemagne aussi où l'association "Mein
Grundeinkommen" ("mon salaire de base") est
maintenant soutenue et suivie par l'institut économique DIW, qui
conseille le gouvernement allemand, pour tester sur 120 personnes
durant trois ans un revenu de base de 1200 euros.
Le
projet Euro-bonus
En
utilisant le potentiel des monnaies électroniques alternatives le
projet vise à créer un système d'échange incluant à la fois des
consommateurs et des professionnels. Ce système est plus
particulièrement destiné à offrir des moyens complémentaires à
ceux qui en ont le plus besoin. Il s'agit de reconnaitre un
droit à des moyens d'existence suffisants sur base d'un "être"
et non plus seulement d'un "faire".
Le
principe
Une
monnaie d'échange complémentaire à l'euro et non convertible est
créée mensuellement sur base d'un quota attribué à chaque
citoyen (pour atteindre un niveau de revenu correspondant au "seuil
de pauvreté"). Cette "monnaie" est utilisable
uniquement auprès des professionnels qui adhèrent au système.
Ceux-ci peuvent également utiliser ce système entre eux
voire pour attribuer, avec leur accord, un complément de revenu à
leurs employés.
Le quota n'est pas automatiquement versé à
chacun chaque mois mais mis à disposition (ligne de "crédit").
Les sommes effectivement utilisées pour des dépenses seront
considérées comme revenus taxables. Les personnes disposant
déjà d'un revenu suffisant peuvent également participer au
système mais uniquement pour faire des dons (et pas pour des
dépenses supplémentaires). La monnaie n'étant pas
convertible elle reste entièrement confinée à l'intérieur du
système. Un taux d'intérêt négatif est comptabilisé
mensuellement afin d'encourager la circulation de la monnaie et
décourager son accumulation (pas de fonction d'épargne ou de
réserve) et une commission est prélevée sur chaque transaction,
du même niveau que celle pratiquée dans les systèmes de monnaies
locales.
En
pratique
Chaque
utilisateur dispose d'une carte de type mastercard ou visa lui
permettant d'effectuer soit des dépenses auprès des adhérents au
système à raison d'un quota maximum mensuel et avec des
limitations techniques (par exemple 160 euros par opération et tous
les deux jours) soit d'encaisser des payements en tant que
professionnel soit encore d'effectuer des dons via une plate-forme
web. Les services online sont également utilisables pour des
opérations B2B.
Chaque utilisateur dispose d'un compte dans la
monnaie dont la seule utilisation reste confinée dans le système
(pas de convertibilité). Il est possible par contre de prévoir
des payements ou transferts partiellement en Euro-bonus et
partiellement en euros (en particulier pour la partie destinée à
couvrir les prélèvements sociaux et fiscaux).
Gouvernance
La
structure principale (asbli, coopérative ou fondation) travaille de
façon décentralisée avec des sous-structures partenaires dans
chaque pays concerné par le système. Chacune comporte trois
collèges : un collège économique chargé de monitorer le système
au niveau économique tant macro que micro, un collège technique
qui s'occupe de la mise en place et de la surveillance du cadre
technologique et juridique, enfin un collège citoyen chargé de la
vision sociétale et durable. Les membres des collèges
s'impliquent à titre personnel. Ces collèges sont coordonnés
et orientent le travail des équipes opérationnelles constituées
en grande partie de ressources et partenaires externes indépendants.
Des conventions de partenariats sont conclues notamment avec
des associations et acteurs actifs dans l'aide sociale, l'inclusion
et le développement durable au niveau local, national et
international.
Phase
pilote
La
première étape concernera 1 000 professionnels et 10 000
consommateurs dans une dizaine de pays européens (sur les 19 de la
zone euro).
Chaque consommateur dispose d'un quota en Euro-bonus
inférieur à 1600 par mois (fonction du seuil de pauvreté dans son
pays de résidence) et des limites d'utilisation sont fixées (par
exemple 160 euro par transaction et tous les deux jours). Les
besoins en fond de roulement en EUROS pour les transactions via
cartes de payement (mastercard ou visa) s'élèvent à maximum 10
000 x 160 euros = 1,6 M. C'est un objectif minimal de fonds à
collecter en EUROS auprès de donateurs pour lancer le système.
Ensuite les frais de prélèvements sur les transactions
couvrent les coûts opérationnels.
Développements
ultérieurs
Comme
le WIR, les LETS ou d'autres, ce système n'a pas vocation à
remplacer les cadres économiques existant mais plutôt à les
compléter ou les challenger. Le système peut donc soit se
développer, tant du point de vue sociologique que géographique,
dans la zone euro ou ailleurs, soit évoluer de façon plus modeste.
Le projet a pour ambition de développer une culture de la
solidarité plus active et équitable, l'inclusion sociale et
économique, et inspirer des politiques publiques plus ambitieuses
en terme d'impact social et de durabilité.
Contact
: Goéric Timmermans + 32 473/75 09 29
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